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« Je deviens vaguement sérieux »

Lee Marvin, c’est votre premier film en France, pourquoi avez-vous enfin accepté, à 59 ans, de venir tourner chez nous ?

Lee MarvinJ’ai toujours rêvé de faire un film français, j’entends par là, avec un metteur en scène français, mais jusqu’ici, je n’en ai jamais eu l’occasion. Il faut dire qu’Hollywood est très loin de tout, et qu’en plus, les Français ont la fâcheuse impression que les vedettes américaines sont intouchables. Ce qui est complètement faux. Du moins, en ce qui me concerne. J’ai longtemps attendu qu’il y ait une opportunité, et elle est enfin arrivée avec Yves Boisset. Il y a environ un an, j’ai reçu un coup de fil de Paris, me demandant si j’étais libre en juillet 83, pour tourner «Canicule». J’ai répondu que j’étais toujours libre pour une chose qui m’intéressait… Puis j’ai reçu le scénario, je l’ai lu, je l’ai trouvé formidable, j’ai vu Yves Boisset et Norbert Saada à Los Angeles, et nous sommes tous tombés d’accord. Et je suis là, aujourd’hui…

Vous ne regrettez pas ?

Je ne regrette jamais rien. C’est inutile. Et pour ce cas précis, j’ai toutes les raisons du monde d’être ravi.

Pour nous, Français, vous êtes une légende vivante, une star dans la pure tradition hollywoodienne. Qu’en pensez-vous ?

Heu oui, enfin, non… Je ne sais pas si l’appellation de star veut encore dire grand chose. Il y a encore vingt ans, oui, les studios, Howard Hugues, Zanuck, tout ça, bon maintenant, les faiseurs de films sont comme des directeurs d’usine à chaussures. On investit de l’argent dans le «movie business» simplement parce qu’il y en a encore plus à prendre. Mais si un jour le cinéma est en perte de vitesse sérieuse, si les gros bonnets financiers se rendent compte que c’est fichu, alors, vous verrez que tout s’écroulera, et que tout l’argent sera reconverti aussi sec dans une autre industrie…

Désabusé ?

Oh non. Mais les gens qui rêvent de ce milieu sont ceux qui ne l’ont jamais approché.

Vous parlez des studios et de leur engrenage comme si vous en aviez souffert. Pourtant, vous avez toujours été un acteur indépendant.

Oui. Au début, parce que j’avais un physique trop particulier et que je n’intéressais pas les usines à stars. Et ensuite, quand je suis devenu connu et qu’ils ont commencé à s’intéresser à moi, j’ai refusé de me faire mettre sous contrat.

Pourquoi ? Pour un acteur, un contrat de sept ans, c’est la sécurité matérielle…

Oui, peut-être, mais ça peut aussi être la déchéance morale. Surtout quand on aime ce métier. Vous savez, à la grande époque des studios Universel, Paramount, etc., vous n’aviez pas le choix. Il fallait tourner onze mois sur douze, faire quatre films dans l’année, enchaîner les scripts les uns après les autres (sans même un jour de répit), et, surtout, ingurgiter des tonnes d’imbécillités, de séries B avant de faire un bon film.

Vous ne pouviez pas refuser un scénario ?

Surtout pas. Sinon, on vous virait sans ménagement, on vous mettait sur une liste noire qui parcourait tous les studios afin que tout le monde sache que vous étiez un acteur à problèmes, et votre carrière s’arrêtait là. J’ai quelques amis à qui c’est arrivé. C’est assez traumatisant.

Même en s’appelant Lee Marvin ?

Lee Marvin2Pff Lee Marvin. Vous savez, il y avait tellement d’acteurs à l’époque. Je me souviens, lors d’une soirée, d’un producteur qui est arrivé avec une pile d’une cinquantaine de scénarios qui représentait tout ce que l’on devait tourner dans l’année. Il y avait là deux de mes amis acteurs, je crois que c’étaient Richard Burton et Robert Taylor. Le producteur a coupé la pile en deux, en a donné vingt-cinq à chacun en disant : tenez mes amis, voilà le paquet de l’année, partagez-le vous… Et croyez moi, dans le paquet, il n’y avait pas que des chefs-d’œuvre.

Et vous pouviez choisir en étant indépendant ?

Je tournais tout autant, environ quarante-neuf semaines par an, huit heures par jour, mais au moins, je pouvais refuser un script, ne pas avoir l’impression que je tournais un film uniquement pour manger. Et j’ai essayé de choisir, vraiment. Je ne dis pas que je suis fier de tous mes films, mais au moins, il n’y en a aucun que je regrette franchement. C’est important pour le moral, les nerfs. Surtout dans cette ville, cet univers de folie où les acteurs étaient si fragiles, où pour un oui, pour un non, on faisait une dépression, on finissait fou ou alcoolique…

On a beaucoup dit de vous que vous étiez très porté sur la bouteille…

Dire le contraire serait faire preuve d’une grande mauvaise foi. C’est vrai, j’ai énormément bu, et j’ai pris des cuites mémorables. Mais, pendant une grande époque de ma vie, ça m’a été nécessaire pour tenir le coup moralement, une sorte d’illusion d’équilibre. Et puis j’ai beaucoup ri, j’ai dépensé beaucoup d’argent et tout ça me fait des bons souvenirs.

Il paraît que vous et Richard Burton sur un même plateau…

Oh lala ! On a réveillé plus d’une ville endormie ! Mais si vous demandez aux gens qui travaillaient sur le film, vous verrez qu’ils n’ont jamais autant ri qu’avec nous. Je n’ai pas l’alcool triste ou cynique…

Et maintenant ?

Un jour, je me suis regardé dans la glace. Je me suis dit, mon petit vieux, tu vas arrêter tes conneries, tu as bien rigolé, tu en as bien profité, tu as tiré le maximum de tout, maintenant, il serait de bon ton de devenir vaguement sérieux. Ma femme est ravie.

Reparlez-moi d’Hollywood. Vous avez l’air de dire que c’était un enfer.

Écoutez, si je vous le répétais encore une fois, et même un millier de fois, vous ne me croiriez pas. N’est ce pas ?

Ben, c’est difficile de l’admettre. L’argent, la gloire, la maison à Beverly Hills, les limousines, les flashes…

Ça, c’est la panoplie, le mythe, la légende. L’envers du décor, c’est que j’ai gagné pendant des années 150 dollars par semaine, que je finissais de tourner un western le mardi soir et que j’enchaînais le mercredi matin sur un polar, que ma vie privée fichait le camp en miettes et que je ne prenais pas le temps de vivre. Quant aux maisons de Beverly, elles étaient louées à l’année par les studios qui y mettaient les stars du moment. On vous prêtait tout, Rolls, maison, piscine, chauffeur, etc. Si un jour, votre cote commençait à baisser, on vous retirait tout dans le même moment. Puis, un an après, vous étiez de nouveau une star et vous pouviez réintégrer les meubles. A force de va-et-vient, d’insécurité, de stress, d’angoisse, les acteurs étaient complètement déboussolés, nerveusement atteints. Certains ne s’en sont jamais remis.

Et vous ?

Moi, j’ai survécu à tout ça, parce que, finalement, je suis un grand chanceux. Et puis, j’ai su quitter Hollywood au bon moment.

Pourquoi avoir choisi Tucson en Arizona ? Est-ce que ça n’est pas un trou perdu pour une star ?

Vous savez, Hollywood quand on tourne beaucoup, c’est bien. Vous êtes dans les parages, disponible, prêt à tourner au moindre coup de fil. Puis, un jour, vous tournez un peu moins, vous vieillissez un peu plus, et le téléphone s’arrête de sonner. Moi, j’ai eu la chance de ne jamais m’arrêter complètement. Mais il faut être lucide maintenant, le cinéma peut se faire sans moi, je ne suis plus nécessaire à ce point. Et c’est un milieu tellement dur, impitoyable, que si vous ne savez pas décrocher, si vous continuez de vivre à Hollywood avec l’air d’attendre un rôle, on ne vous rate pas. Vous devenez un pauvre has-been. J’ai choisi de quitter Hollywood, d’abord parce que je l’avais assez vu, et ensuite parce que si maintenant on a besoin de moi, on m’appelle et on vient me chercher parce qu’on aura vraiment voulu que ce soit moi. Je ne fais pas de films par accident, mais simplement parce que le metteur en scène et moi nous nous sommes mutuellement choisis. Je n’ai ni l’angoisse, ni le besoin de tourner. Je connais ce métier par cœur, j’en ai épuisé les joies et les souffrances et j’ai suffisamment d’argent pour vivre comme je l’entends, (c’est à dire très bien) pendant trente ans sans travailler…

Alors, que faites-vous entre deux films ?

Je ne fais rien. Avec un bonheur serein. Je m’occupe de mon ranch, de ma femme, de nos huit enfants et de tous nos petits enfants. Je lis, je me repose parce qu’après trente ans de vie très agitée, je suppose que je l’ai mérité.

Parlez-moi de votre vie de famille, votre femme Pamela, les enfants…

Je me suis marié avec Pam en 1970, mais je l’ai connue quand j’avais 25 ans. Elle a été un de mes premiers amours. Puis la vie nous à séparés. Elle s’est mariée de son côté et moi du mien. Nous avons eu tous les deux quatre enfants de nos mariages. Ma vie privée a mal tourné, la sienne aussi, nous nous sommes retrouvés, je lui ai demandé de m’épouser, elle a réfléchi, elle a dit oui. Frank Sinatra nous a prêté son avion privé, nous avons été à Las Vegas, et nous nous sommes mariés. C’est tout simple.

A vous deux, vous avez donc huit enfants. Ensemble, vous n’en n’avez pas fait un seul, pourquoi ?

Bof, trop vieux. Et puis entre les uns, les autres et leurs enfants à eux, ça suffit.

Vous avez tourné avec les plus grands metteurs en scène (Don Siegel, Raoul Walsh, Richard Fleischer, Robert Aldrich, John Ford Samuel Fuller). Vous avez eu un Oscar pour votre interprétation dans « Cat Bal. bu » avec Jane Fonda, vous avez eu des partenaires prestigieux comme Gary Cooper, Marilyn Monroe, Marion Brando, Robert Mitchum, Frank Sinatra, Paul Newman, John Wayne, Clint Eastwood… Aujourd’hui, vous tournez «Canicule», à Orléans, dans la Beauce, un film d’Yves Boisset avec Miou-Miou, Jean Carmet et Victor Lanoux…

Est-ce que le cinéma et les stars français sont très différents ? Le professionnalisme n’a pas de frontières. Quand un metteur en scène est bon, efficace, peu importe qu’il soit français ou américain. C’est la même qualité, le même travail. Même chose pour les acteurs qui ont la même tension et concentration. Je trouve que les Français, ou bien cela tient particulièrement à Yves Boisset, sont plus rapides que nous. C’est net, précis. Ça se passe vite et bien. La vraie différence, c’est peut-être l’ambiance sur le plateau. A part de rares exceptions (quand il y a eu l’incendie sur le plateau à cause d’une explosion trop forte), l’équipe est décontractée, souriante. Boisset n’entretient pas du tout le mythe de metteur en scène qui hurle, gueule et tempête. Il est tout le contraire, calme et posé. Effectivement, moi qui suis habitué aux hurlements et aux problèmes… Mais vous savez, les John Ford et autre Don Siegel, c’était une époque différente.

Avez-vous l’impression d’être décalé par rapport à notre époque ?

Lee Marvin3Oui et non. Oui, parce que je suis l’un des derniers à avoir connu la grande époque des studios hollywoodiens. Non, parce que j’ai 59 ans, et ce dans mes jours d’optimisme, résolu, je me dis que a encore la vie devant moi.

Voici les résultats de notre grande enquête auprès des lecteurs de RioT. Passionnants résultats qui surprendront, convaincront ou conforteront, selon les cas. Une chose est sûre : le paysage vidéo a changé et les enseignements tirés de ce sondage seront profitables à l’ensemble de la profession.

60,2 % des vidéophiles louent des cassettes en vidéoclub.

Il y a deux ans, la vidéo consistait, pour 80 % des possesseurs de magnétoscopes, à enregistrer la télévision. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 39,8 % à se livrer régulièrement à cette pratique. La location de cassettes, c’est désormais le vrai visage de la vidéo… En revanche, parmi ceux qui enregistrent, 60 % affirment stocker et collectionner leurs enregistrements.

53 % des vidéophiles louent 1 ou 2 cassettes par semaine.

Ils sont ensuite 35,7 % à louer 2 à 4 cassettes par semaine et 11,3 % à. s’avouer boulimiques : plus de 4 cassettes par semaine ! Sur les tarifs de location, le chiffre le plus souvent cité est 20 F par jour. Mais 38,5 % des sondés louent leurs cassettes 15 F voire 10 F par jour… ce qui explique certaines faillites de vidéoclubs qui s’écrasent en écrasant les prix ! Par ailleurs 68,3 % n’ont jamais acheté de cassettes enregistrées.

N° 1 du hit parade : le polar, devant le fantastique.

Au hit parade des genres préférés, voici le classement que nous avons enregistré (toutefois la césure est assez nette entre le 4e et le 5e genre).

1. Policier

2. Fantastique

3. Guerre – aventures

4. Comédie

5. Western 6. Drame

7. Films pour enfants

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